Break the rules (Melchior & Orpheus)

La bibliothèque de Poudlard, ce n’était pas le lieu où on avait le plus de chance de croiser Orpheus. Et pourtant. Pourtant, il avait fini par y aller. Avec un élan d’espoir. Parce que la bibliothèque des lieux avait une section réglementée qui pourrait peut-être l’aiguiller dans sa recherche de remède pour sa jambe. Il avait appris à vivre avec ce handicap. Mais si il y avait une chance, même infime qu’il puisse retrouver sa jambe, il était encore prêt à tout pour ça. Qu’il faille faire un rituel vaudou, un sacrifice de vierge, ou que sais-je encore. Il était prêt à tout ça. Mais d’abord, il devait identifier clairement le mal qui l’avait et le rongeait encore. Et si les experts médicomages n’avaient pas réussi, ses recherches à lui, dont ce n’était absolument pas la spécialité allait devoir faire preuve de patience. Et… Ce n’était pas sa qualité première. Loin de là.

Le professeur s’était glissé telle une ombre dans les rayonnages, profitant des derniers retardaires pour faire diversion vis à vis de son collègue bibliothécaire. Ce n’était pas très réglo de détourner les règles de son collègue, mais il ne tenait pas à lui raconter sa vie pour avoir accès à ces livres là. Il se retrouva devant l’entrée de la section interdite. Il fixa le verrou de la porte. Ok. C’était là que ça devenait chiant. Heureusement qu’il avait toujours été un élève zelé lors de sa scolarité, et un peu ripou sur son temps libre. Il essaya un discret allohomora, mais cela n’avait pas l’air suffisant… Son sort n’eut aucun effet. Ok. Il fallait donc hausser le niveau de jeu. Mais ça voulait aussi dire perdre en discrétion. Et ça, c’était pas une super nouvelle. Au pire, il trouverait bien quelque chose à dire pour sa défense. Et puis, il avait l’impression que son collègue était déjà sorti… Il avait suffisament attendu normalement alors…

“Portaberto !”

Oubliez la finesse du déverouillage… La serrure vola en éclat. Au moins, ça avait le mérite d’être efficace à défaut d’être discret. La serrure était une plaie béante. Et fumante. C’était franchement pas discret. Mais fallait bien dépasser les sortilèges anti-dévérouillage . Il passa la porte avec empressement, la fermant presque derrière lui. Il priait pour que ça marche…

“Reparo !”

La serrure se reconstitua un peu. Merde.

“Reparo !” lança-t-il un peu plus fort, avec plus de conviction.

La serrure finit de se réparer. Mais…. Il entendit les pas. Et merde. Il se colla contre le rayonnage, la porte s’ouvrit. Elle s’ouvrit sur son collègue bibliothécaire… Réflexe stupide, il fit un signe de main à son collègue.

“Bonsoir…” dit-il avec un sourire charmeur.

Ouais, on tente de se sauver comme on peut.

La bibliothèque, c’était le domaine de Melchior. Les livres étaient intelligemment rangés parce que des faillamale exécutés avec brio de la part du sorcier maniaque. Si le français était nul en sortilèges de combat, il avait un talent non négligeable pour les sorts utilitaires. Ceux qui ne lui sauveraient jamais la vie contre un dragon ou un sorcier mal intentionné. Il n’était pas homme d’action, préférant vivre des histoires fictives que des histoires réelles. Melchior, c’était l’incarnation du calme. Le bruit et l’animation ne l’avaient jamais attiré. En gros, pas la peine de l’inviter à partir en voyage vers l’inconnu, ni même à un match de quidditch. Trop de brouhaha pour lui. Quoi qu’il en soit, chaque chose était à sa place dans la bibliothèque… et à l’heure qu’il était, les élèves ne devaient plus faire partie du décor. Pas qu’il aime mettre les gens à la porte, mais s’il y avait une heure de fermeture, ce n’était pas faire joli. On ne pouvait pas laisser les élèves se balader la nuit et faire ce qu’ils voulaient, pour leur bien, il fallait un règlement juste mais suivi à la lettre. Pour ça aussi, Melchior essayait d’être le plus pointilleux possible. Et puisque le règlement de Poudlard lui semblait juste, il n’avait aucune raison d’y déroger. Il s’occupa donc de faire sortir les derniers élèves avant de fermer. Il lui fallait vérifier les emprunts et que tout était bien à sa place. La magie avait parfois ses failles, rien ne valait une vérification manuelle.

Il releva cependant la tête de en entendant du bruit venant de la partie réglementée de la bibliothèque. Il espérait ne pas avoir affaire à un rat ou n’importe quel animal… comment parlementer avec un animal pour lui expliquer calmement qu’il n’avait rien à faire ici ? Mais en même temps, si ce n’était pas un animal, c’était une personne … et aux dernières nouvelles, les personnes se présentaient avant de demander l’accès à cet espace restreint. Même Dumbledore qui pourtant ne lui devait rien avait toujours l’amabilité de le saluer et lui indiquer qu’il s’y rendait. Sa baguette dans une main et la clé dans l’autre, il ouvrit donc la porte. Il haussa un sourcil en voyant le professeur de vol sur balai… Il avait dû forcer la serrure… Bonsoir ? C’était tout ce qu’il trouvait à dire ? Heureusement que Melchior était patient et calme. « Bonsoir. Vous n’avez rien à faire ici semble-t-il. Si vous avez besoin d’un accès à cette partie de la bibliothèque, je vous prierais d’aller en parler avec le directeur. » Récita-t-il de façon exemplaire. Il avait l’habitude de le signaler aux élèves ou aux nouveaux professeurs ne connaissant pas la procédure. Chose qui pouvait être lassante, mais c’était sans compter le sang-froid de Melchior. Quoi qu’il en soit il recula pour inviter l’homme à sortir, non seulement de cette partie de la bibliothèque, mais aussi, de la bibliothèque tout court. C’était l’heure de fermer.