Honestly what will become of me ?
Les Nott, une noble famille de sangs-purs existant depuis des siècles, une des seules familles anglaises au sang encore jamais souillé par des êtres inférieurs, une famille qui respectent ses ancêtres et leurs traditions depuis la nuit des temps. C'est parmi eux que tu es née, en ce 13 janvier de l'année 1997. Belle comme un ange, il paraît, les flocons qui tombaient dehors donnant à la scène quelque chose de poétique. Tu fus la première de ta fratrie, celle sur qui les responsabilités de l'aînée pèseront, celle qui rendra ses parents fiers, celle qui devra honorer les siens. Malgré cela, le jour de ton arrivée dans ce monde fut d'une joie sans égale. Tu étais leur enfant, leur petite fille, leur héritière.
Dans ta famille, une tradition presque aussi importante que la pureté de votre sang sang perdure depuis des décennies, et c'est sans hésiter que tes parents l'ont suivie. En effet, durant les six premières années de sa vie, l'éducation de l'enfant est intégralement confiée à sa mère, le père ne la prenant en charge qu'ensuite, et ce jusqu'à son indépendance. Ainsi, c'est la femme qui t'a mise au monde qui s'est occupée de toi la première, veillant notamment à t'apprendre les bonnes manières. Elle t'a dès le premier jour aimé plus que la prunelle de ses yeux, t'offrant tout ce que tu souhaitais tant que tu respectais les règles. Si elle a su te réprimander, elle n'a jamais vraiment été capable de te punir, craignant sans doute que tu lui en veuilles. Sauf que tu ne pouvais pas lui en vouloir, elle était la personne la plus importante à tes yeux.
Ces six années sont vite passées, toi grandissant avec tout l'amour de ta mère, elle heureuse de voir tes yeux briller dès que vous passiez un moment ensemble. Tu n'en demandais pas plus, elle non plus, c'était parfait ainsi. Elle t'a appris à bien te comporter, à répondre poliment, à ne jamais lever le ton, mais de toute manière tu ne pouvais qu'être un ange face à cette femme qui était ton modèle. Tu faisais tout pour la rendre fière, sautant dans ses bras à la moindre occasion pour obtenir un câlin, capricieuse malgré toi. Il faut reconnaître que la richesse n'aide pas les enfants à ne désirer que ce dont ils ont besoin, et tu n'as jamais été très raisonnable. Tu en profitais, après tout si vous aviez de l'argent, c'était bien pour vous en servir.
Ton septième anniversaire fut le dernier jour que tu passas sous l'autorité pleine et entière de ta mère. Tu eus le droit à un grand gâteau, de nombreux cadeaux, et tout ce dont une enfant de ton âge pouvait rêver. Même ton père semblait fier de toi, lui qui se tenait en permanence loin de vous, trop occupé par son travail, mais surtout parce qu'il devait attendre pour s'occuper de ton éducation. Ta mère t'avait inculqué les bases d'un enseignement digne d'une jeune fille de ton sang, et ce n'était pas pour lui déplaire. Tu étais l'aînée après tout, alors il était primordial que tu sois parfaite pour que ta famille puisse montrer au monde entier à quel point les Nott sont nobles et glorieux.
Don't like reality
Si ton père se montrait plus sévère que ta mère, c'était loin d'être insurmontable. Il te punissait, certes, mais la majorité du temps tu étais seulement mise au coin, ou alors privée de dessert. Des sanctions pour enfant, faut dire que tu étais encore trop petite pour que faire plus ne soit pas considéré comme immoral. Cela n'empêchait en rien le fait que tu n'aimais pas lui obéir à lui, sans doute parce qu'il était bien moins affectueux que ta génitrice qui t'avait toujours offert tout l'amour que tu voulais. Avec lui, tu avais l'argent, les règles et les devoirs. Tes droits étaient excessivement restreints, et tu pouvais dire adieu aux câlins et aux histoires le soir, sauf si tu te la lisais toi-même. Ça te frustrait, pourtant tu ne grognais pas trop, encore suffisamment docile pour ne pas hurler ton mécontentement. Et puis, brailler comme un démon aurait détruit ton image d'ange, et déjà petite tu y tenais, à cette vision que les autres avaient de toi.
Tu étais encore très jeune lorsque ton père apprit qu'il n'était en réalité pas ton géniteur. Ta mère était allée voir ailleurs une fois, et cela avait suffi pour que tu prennes place dans son ventre. Ne pouvant avorter sans éveiller les soupçons de tout le monde, elle a prétendu que son mari était à l'origine de cette grossesse, et donc que tu étais de lui. Tu ne sais toujours pas comment ton prétendu père a pu avoir des doutes là-dessus, mais le fait est que dès qu'il le sut, il devint bien plus dur avec toi. A défaut d'être sa véritable fille, tu devais être une parfaite héritière, qu'importe les moyens.
C'est à partir de là que le temps t'a semblé véritablement long. Tu lisais dans les yeux de ton père une colère constante et une déception insupportable. Si tu ne tenais pas réellement à lui, tu détestais le fait de ne pas être assez bien pour lui, même si c'était plus dû au mépris qu'il éprouvait pour ton statut de bâtarde qu'à tes capacités. Bien plus strict qu'auparavant, il te punissait pour la moindre réponse de travers, la moindre erreur, la moindre maladresse. Briser un verre te coûta deux heures de ta vie, cent-vingt minutes que tu passas enfermée dans une pièce plongée le noir le plus total, seule. Trébucher devant lui deux autres, ne pas bien connaître ta leçon trois. Pourtant, tu refusais de courber l'échine et, tout en faisant en sorte d'être la plus parfaite possible pour chaque enseignement que tu recevais, tu laissais la rebelle en toi se défendre avec d'insolentes paroles. Lui répondre te valut quatre heures dans cet horrible endroit, sans compter une gifle monumentale.
It's way to clear to me
En réalité, tu n'avais rien contre les savoirs que l'on te prodiguait, qu'importe que ce soit cet homme méprisable qui te les enseignait. Déjà enfant, tu étais fière de ton nom, de ton sang, de ton éducation, persuadée que la pureté faisait de toi un être supérieur, certaine que ton devoir était de préserver toutes ces valeurs qui ont perduré à travers les siècles sans qu'on ne les entache. La seule chose qui te poussait à te rebeller, c'était celui qui prétendait être ton père sans en avoir le mérite. Ce dédain qu'il éprouvait à ton encontre, cette manie qu'il avait de te rabaisser, cette méchanceté qui perçait dans ses mots, ça t'agaçait à tel point que tu t'emportais bien trop souvent. C'était seulement contre lui que tu te révoltais, et lui ce qu'il voulait, c'était terrasser cette volonté que tu avais de te soulever contre son pouvoir. Parce qu'il était l'adulte, l'homme de la maison, celui qu'il fallait respecter. Il était le sommet de la pyramide, le plus haut placé dans la hiérarchie, le mari et le père – et ce qu'importe ce que pouvait bien dire la génétique à ce sujet – de votre famille. Alors il fallait qu'il soit au-dessus de vous, au-dessus de toi. Et si pour cela il devait t'écraser, alors il le ferait, tout simplement.
A mesure que les mois s'envolaient et que les punitions s'enchaînaient, tu développas une véritable peur de cette punition qui consistait à rester enfermée dans le noir sans personne à tes côtés. La pièce où tu l'exécutais était toujours la même, et elle devint ta hantise. Tu ne la supportais plus. L'obscurité t'oppressait et t'effrayait, et la solitude te minait d'autant plus. T'en cauchemardais parfois la nuit, après y avoir passé trop d'heures pour pouvoir bien dormir. Ton prétendu père sembla s'en rendre compte puisque c'était de cette manière qu'il te punissait le plus souvent, profitant de ta crainte pour s'assurer que tu lui obéisses enfin et avoir un contrôle total sur toi.
Alors petit à petit tu devins docile, te résignant. Tu finis par comprendre que tu n'avais pas d'autres choix qu'obéir si tu voulais la paix, et c'était bien tout ce que tu demandais. Dès lors, tu te montras assidue, faisant ce qu'il fallait, tout ce qu'
il voulait. Tu apprenais tes leçons, t'entraînais à tous les sortilèges imposés, te plongeais dans les livres désignés. Tu respectais les règles, assimilais malgré toi les limites, accomplissais tes devoirs. Pas que ce fût une partie de plaisir, mais tu préférais largement te plier à ces contraintes plutôt que te retrouver à nouveau coincée entre ses quatre murs que tu haïssais plus que tout. Ton père était peut-être le seul que tu maudissais plus qu'eux, mais au fond t'essayais de te convaincre qu'il faisait cela pour que tu sois la meilleure, même si t'avais toi-même du mal à y croire.
Tu eus peu d'éducateurs, ton soi-disant père ayant décidé qu'il ferait lui-même ton éducation jusqu'à ce que tu sois indépendante et surtout digne d'être l'héritière des Nott. Ainsi, les seuls instants de répit que tu avais en bonne compagnie, c'était auprès de ta mère. Le soir souvent, ou tôt le matin lorsque tu ne parvenais plus à dormir et qu'elle, vaillante femme, elle était déjà debout. Tu l'admirais, cette courageuse sang-pur qui ne pourrait jamais baisser dans ton estime. Parce que si parfois tu avais l'impression qu'elle t'avait abandonnée aux griffes de ton père, tu te rappelais ensuite les risques qu'elle a encourus pour que tu viennes au monde, et les six années durant lesquelles elle t'avait sauvée de son mari. Tu l'aimais trop pour lui en vouloir, elle qui faisait toujours tout pour te réconforter lorsque ton moral était si bas que tu en venais à te demander pourquoi tu t'évertuer à faire tout cela. C'était dans ces moments-là que tu la regardais, et que tu te disais que tu voulais devenir comme elle. Que tu voulais la rendre fière, et plus que tout que tu allais y arriver.
But really life is daily
Toute cette mascarade dura jusqu'à tes dix ans, lorsque tu reçus ta lettre pour entrer à Poudlard. Dès lors, les préparatifs passèrent devant tout le reste, surtout pour ta mère et toi. De toute façon, quoi qu'en dise ton père qui ne pouvait s'empêcher de te descendre plus bas que terre pour se sentir puissant, tu étais prête, tu le savais depuis des mois, déjà bien avant ta première manifestation magique. Tu avais dévoré tellement d'ouvrages que tu avais plus de connaissances qu'une bibliothèque, sans parler de tous les sorts que tu avais appris, des potions, de l'histoire, de la métamorphose et de l'astronomie. Tu avais accumulé tant de savoirs que cela semblait incroyable pour ton jeune âge, alors tu n'avais pas la moindre raison d'avoir peur. Tu n'éprouvais d'ailleurs aucune crainte, seulement de l'excitation, parce que l'idée de ne plus avoir ton père et tes responsabilités sur le dos en permanence faisait scintiller tes yeux. C'était dans ce château que la liberté t'attendait, et tu n'avais pas l'intention de manquer cette occasion.
Les achats se firent sans ton père, sûrement parce qu'il pensait avoir mieux à faire qu'accompagner sa fille dans une telle situation. Sauf que tu t'en moquais, au contraire tu étais presque contente qu'il ne soit pas là. Tu allais pouvoir profiter de cette journée rien qu'avec ta mère, et cette seule perspective te mettais d'une merveille humeur. Main dans la main, vous passâtes de boutique en boutique pour que tu aies tout ce qu'il te fallait pour la rentrée. D'abord la baguette, parce qu'un sorcier n'est rien sans elle et que la magie aussi pure que ton sang qui coule dans tes veines se devait d'être exprimée de la plus belle des manières. Puis les livres – beaucoup de livres, mais rien de comparable à la bibliothèque de votre manoir –, les gants, le chaudron, quelques nouvelles tenues, une robe de sorcière en cas de besoin, même si elles servaient de moins en moins. Tu eus ensuite le droit à une chouette, ta mère voulant s'assurer que tu donnes des nouvelles et puisses communiquer depuis Poudlard. Rien d'anormal finalement, jusqu'à ce que vous passiez devant la Ménagerie Magique et que tu tombes amoureuse d'un magnifique chaton. On te laissa la prendre dans tes bras, et immédiatement elle glissa son museau contre ton cou et ronronna. Ce fut un coup de foudre, à tel point qu'il te fallut moins de cinq secondes pour convaincre ta mère de le prendre, parce qu'elle vit le bonheur qui scintillait dans tes yeux lorsqu'il était contre toi. Elle te l'offrit et tu la baptisas Lady en l'honneur de ses airs de grandes dames, ce qui vous faisait beaucoup rire. Tu avais dix ans, un chat et une chouette que tu adorais déjà, et tu allais entrer dans une école de magie extraordinaire qui allait t'offrir cette liberté à laquelle tu n'avais pas eu accès depuis ton septième anniversaire. Il n'y avait pas de mot pour décrire ce sentiment que tout était comme cela devait être. Tu étais juste heureuse, flottant dans un bonheur parfait, et tu ne demandais pas plus.
Malgré l'absence de ton père durant votre périple à travers le Chemin de Traverse et l'adoption de ta boule de poils adorée, celui-ci tint à organiser une fête pour célébrer ton entrée à Poudlard, et plus globalement dans le monde de la magie. Il y invita la quasi-totalité – si ce n'est toutes – les familles de sang-pur conservatrices, celles qui n'avaient pas souillé leur sang avec des moldus qui n'en valent pas la peine. Pas qu'il en avait vraiment quelque chose à faire de toi, mais il voulait pouvoir se vanter d'avoir une digne héritière qui s'apprêtait à rentrer dans le château ancestral, prenant comme certitude ta future maison, celle de Salazar. Ainsi, toute la soirée, tu saluas telle ou telle personne importante, offris de grands sourires à tous ceux qui te regardaient, te tins droite dans ta somptueuse robe achetée pour l'occasion. Politiciens, langue-de-plomb, tireurs d'élite à la baguette magique, membres du Magenmagot voire stylistes et vendeurs, tout y passa. Tu n'eus pas une minute à toi, parce qu'au fond ce n'était pas ta soirée : c'était celle de ton père qui récoltait nombre de louanges pour avoir élevé une enfant aussi parfaite. Pourtant, même si tu haïssais celui qui obtenait tant de compliments sans autre mérites que celui d'avoir utilisé tes plus grandes faiblesses contre toi, tu n'en restais pas moins flattées d'attirer des yeux envieux à seulement onze ans, ayant depuis ta plus tendre enfance développé un certain narcissisme doublé d'un indéniable égocentrisme que seule ta génitrice pouvait démentir, et maintenant tes deux animaux. Et puis tu ne pouvais pas t'empêcher d'être heureuse en voyant le regard de ta mère qui s'illuminait. Elle aussi elle était fière, et aujourd'hui tous te contemplaient et t'admiraient parce que tu étais exactement ce que tu devais être : parfaite. La parfaite héritière des Nott, tout simplement.
C'est le 1er septembre 2004 que tu fis ton entrée à Poudlard, étonnamment peu stressée. Néanmoins, tes yeux scintillaient de découvrir toutes les merveilles du château, du train qui vous y conduisit aux barques que vous empruntâtes ensuite, sans parler de son architecture et de la Grande Salle. Comme figé hors du temps, le bâtiment était une promesse d'éternité que tu ne pouvais que saisir, parce qu'il n'y avait qu'entre ses murs que tu semblais à l'abri de ton père. Vint alors le moment de la répartition, et quand ton nom fut appelé, tu gardas la tête haute, t'avançant avec une indéniable prestance parmi d'autres élèves, le regard fier et droit tandis que tu rejoignais l'estrade pour prendre place sur le tabouret où le Choixpeau magique t'attendait, plus vieux que le monde. Tu es une Nott, tu n'avais aucune raison de craindre la suite. Tu savais vers quelle table tu allais te tourner, tu savais ce que tu voulais, tu savais ce que l'artefact allait dire. Il lui fallut d'ailleurs bien peu de temps pour t'envoyer chez les verts et argents, et même s'il hésita peut-être une seconde avec les aigles, il n'y avait aucun doute sur le fait les serpents étaient faits pour toi. Ce fut dont parmi eux que tu t'assis,, croisant un regard qui t'attira étrangement. L'adolescent – qui avait ton âge – t'offrit un clin d’œil, et toi tu lui répondis en tirant discrètement la langue. Tu étais loin de te douter que c'était le début de la plus magique des amitiés.
We are what we don't see
L'avantage d'être éduquée dès l'enfance pour exceller avant l'heure, c'est qu'en commençant les cours, tu avais déjà une longueur d'avance évidente sur tout le monde. Les révisions t'étant donc complètement inutiles, tu en profitas pour expérimenter la vie en dehors du manoir familial. A peine onze ans et déjà tu cumulais les infractions au règlement, mais toujours en restant discrète. Tu ne te faisais jamais prendre, veillant à ce qu'on ne sache jamais que c'était toi, ou alors à effrayer le peu de témoins qu'il y avait. Faut dire que ton nom était un argument de poids, et que personne n'avait vraiment envie de se frotter à une famille aussi riche et puissante que la tienne, tout comme on craignait de devoir faire face à ton charisme en allant balancer tes fautes à un enseignant. Tu devins vite une reine entre ses murs, une demoiselle intouchable qui n'avait rien à craindre et que l'on appréciait, avec une influence telle que tu pouvais réduire en cendres la réputation de n'importe qui en quelques secondes. Alors, sûre de ce pouvoir que tu avais entre les mais, tu te laissas aller à suivre tes envies, jouissant de cette liberté que ton père avait enfermée dans une cage durant quatre longues années, te faisant des amis sans grand mal, veillant néanmoins à ce qu'ils soient aussi nobles que toi, notamment de par leur sang, malgré le masque que tu portais. T'aimais faire bonne figure, paraître parfaite, ainsi rares étaient les personnes avec qui tu étais réellement honnête. Si tout du moins tu pouvais l'être, évidemment.
Et il y avait ce garçon, celui qui avait attiré ton attention dès le premier jour. Mallory Rowle, un sang-pur tout comme toi, un fier Serpentard qui devint rapidement ton meilleur ami. Ensemble, vous faisiez les quatre-cents coups, discutiez durant des heures, vous amusiez jusqu'à ne plus être capable de rire. Votre relation était parfaite, simple, naturelle, parce que c'était l'un des seuls individus avec qui tu n'avais pas à te forcer. Tu pouvais être toi-même parce que tu savais qu'il te comprenais, et lui-même pouvait se laisser aller à tes côtés parce que tu ne le jugerais jamais. Vous étiez un duo dévastateur, un binôme qui faisait des étincelles, une paire d'inséparables que le destin ne pourrait jamais dissoudre, vous en étiez certains. Le temps semblait s'arrêter lorsque vous étiez ensemble, comme si la jeunesse éternelle vous tendait les bras, et que vous n'aviez rien d'autre à faire que vous saisir de sa main.
Missed everything daydreaming
Tout ce bonheur qu'était Poudlard, cette impression d'être puissante et respectée, tout disparut lorsque tu dus retourner chez toi. Le manoir familial, immense, imposant, te confina dès le début du moins de juillet, pour ne te libérer qu'à la fin du mois d'août. Et à l'intérieur, ton père t'y attendait, les bras croisés, l'air sévère, presque impatient parce qu'il ne t'avait pas vu assez durant l'année pour pouvoir se soulager de toute cette amertume qui le rongeait depuis qu'il savait pour l'adultère qui t'a fait naître. Les vacances de deux semaines qui parsemaient tes dix premiers mois d'étude en dehors de votre demeure ne lui avaient pas suffi, ainsi tu passas deux mois à en apprendre plus encore qu'avant ton entrée dans l'école de sorcellerie, sous prétexte qu'à présent les notes comptaient, et que tu devais plus que jamais exceller. Tu courbas l'échine, te plias aux règles, appris à nouveau tout ce qu'il fallait, priant simplement pour que ces jours qui se suivaient et se ressemblaient passe vite, le plus vite possible.
Retour à Poudlard avec une indéfinissable joie que tu masquas quand même en laissant tes parents sur le quai, jusqu'à c'que tu t'installes dans le même wagon que Mallory et qu'un sourire naisse sur tes lèvres rosées.
Enfin. Tu n'eus pas besoin de le dire, et lui non plus – vous étiez tous les deux heureux de vous retrouver, et de retourner entre les murs de pierres de l'école. Ce fut une année assez simple, commune, durant laquelle tes infractions au règlement ne cessèrent pas, ta discrétion faisant ses preuves. Tes goûts s'affirmèrent à peu près à cette époque, lorsque tu te pris de passion pour les potions, un art savant dans lequel tu excellais. La métamorphose aussi te plaisait, tout comme les sortilèges et l'astronomie, même si tu préférais contempler les étoiles plutôt que connaître les raisons de leurs mouvements. La défense contre les forces du Mal t'intéressait surtout parce qu'il y avait de la pratique, et la botanique t'agaçait plus qu'autre chose. Tu n'étais pas mauvaise, après tout ton père t'avait forcée à apprendre le nom de la majorité des plantes qui étaient utilisées, et puis cela avait une utilité pour les potions, mais toutes ces plantes te sortaient par les yeux. Rien de comparable néanmoins à l'Histoire de la magie qui, disons-le, te rendait très vite somnolente. Il est même probable – très probable – que tu te sois déjà endormie durant certaines heures, lorsqu'au lieu de songer aux dates importantes, tu voyais les gobelins dans tes rêves. Malgré cela, tu obtenais de très bonnes notes dans toutes les matières, pour qu'au moins toutes ces années de travail acharné dans votre maudit manoir ait une utilité.
Nouvelles vacances, les cours à domicile reprirent, comme un cycle qui se répétait indéfiniment, encore et encore. Les punitions aussi, sauf que leurs motifs étaient de plus en plus maigres, de plus en plus absurdes. Il lui arrivait de t'enfermer pour un regard qu'il jugeait insolent, ou pour une question selon lui mal formulée. C'était injuste, même ta mère en était consciente, pourtant elle ne faisait rien, et toi tu ne te débattais pas. Tu t'étais résignée, il faut croire, et tu avais compris que plus tu criais, plus il était horrible avec toi. Alors tu te taisais malgré ta colère bouillonnante, parvenant à contenir un trop plein de ressentiments qui grandissaient en toi depuis des années. Tu ne rêvais plus que d'une chose : Poudlard.
La troisième année débuta avec trois matières supplémentaires, choisies deux mois plus tôt. L'étude des Moldus étant une aberration aux yeux de ton père – pourquoi s'occuper d'être qui vous sont à ce point inférieur ? –, tout comme la Divination qui n'avait selon lui aucun crédit, il les retira de la liste sans même t'en parler. L'arithmancie t'ennuyant au plus haut point, tu commenças donc l'Etude des Runes ainsi que le cours de Soins aux créatures magiques. Si tu trouvais au premier de ces deux enseignements un intérêt archaïque indéniable, le deuxième te plaisait d'autant plus que tu pouvais être proche des animaux que tu affectionnais tant. A défaut d'avoir un père, tu avais un chat et une chouette, le pire étant que cela te convenait parfaitement. Tu ne voulais pas de ce faux père qui t'utilisait comme bouc émissaire dès qu'il ne savait plus gérer ses nerfs, lui préférant mille fois ces bêtes qui partageaient ta vie depuis à peine deux ans et t'aimaient déjà plus bien que lui. Sans compter Mallory qui était toujours là pour toi, prêt à te défendre et à t'accompagner dans toutes tes conneries – un parfait duo que les années ne faisaient que renforcer.
C'est durant cette même année que tu découvris que tu étais voyante. On te parla du cours de Divination dont tu n'avais aucune idée de l'existence, t'expliquant le principe du troisième oeil et tout ce que cela signifiait. Tu eus alors un déclic, et dans ton esprit tout s'enclencha à la manière d'un enchaînement de rouages parfaitement positionnés qui attendait simplement une impulsion. Enfant déjà, tu faisais des rêves étranges, parfois même éveillée. C'était toujours très bref, mais tu y voyais quelques indices distincts. Il y avait des silhouettes que tu devinais, des objets simples plus ou moins simple à repérer ou encore – plus rarement néanmoins – des voix que tu reconnaissais. Des images qui défilaient devant tes yeux sans que personne d'autres ne les perçoivent, et lorsque tu refaisais enfin surface, c'était comme si cela n'avait pas existé. Rien d'anormal en somme, jusqu'à ce que cela devienne réel. Là, tu pensais à une coïncidence, ne te doutant pas le moins du monde de ton statut de voyante. C'était devenu une habitude, comme un rituel, et tu pensais presque que tout le monde vivait cela. C'était ton quotidien d'enfant, quelque chose que tu ne trouvas étrange qu'après avoir discuté de ces fameux cours dispensés au sein du château écossais. Même si tu aurais pu en être fière – et tu l'étais sans doute un peu, au fond –, tu n'en parlas pas, ou en tout cas à très peu de personnes que tu savais de confiance. Évidemment, tu omis de mentionner cette découverte à ton père, craignant trop qu'il te punisse pour lui avoir caché une vérité trop longtemps, qu'importe qu'elle ne te soit apparu que récemment. Depuis, tu tentes de maîtriser ce don improbable du mieux que tu le peux, mais n'ayant jamais suivi de cours, cela s'avère assez compliqué.
Traveling I only stop at exits
La période estivale débute dans le manoir, et dès les premiers jours tu eus l'impression que quelque chose avait changé. Plus intransigeant que jamais, même dans tes cauchemars il n'était pas aussi cruel, toujours à hurler et à te sanctionner, envoyant valser des objets contre les murs dès que la pression était trop forte. Ce fut sans doute la période la plus douloureuse que tu passas avec lui, celle où tu reçus le plus de coups, physiques comme moraux. Plus que d'une volonté de te façonner en parfaite héritière, il semblait animé d'une haine sans limite et d'une rage incontrôlable. Tu ne compris la raison de toute cette animosité qu'en septembre, lorsque, sur le quai de la gare King's Cross, ta mère t'annonça que désormais tu n'aurais plus à passer les deux mois dans le manoir familial. Chaque année à partir des prochaines vacances, tu gagnerais une semaine de liberté pour entamer la construction de ton indépendance.
La rentrée vous rattrapa, et le sentiment de soulagement que tu éprouvas en montant dans le Poudlard Express après avoir enlacé ta mère de toutes tes forces était indescriptible tant il était fort. Tu n'en pouvais plus, cette impression que la haine de ton paternel à ton encontre n'avait fait que croître au fil des semaines pesant sur tes épaules au point de te rendre plus colérique que jamais, même si tu savais que c'était simplement le prix à payer pour être un peu plus libre chaque année. Qu'importe, dans l'immense château écossais tu l'étais, et il était hors de question que tu t'en prives.
Ajoutant à tes habituelles infractions un incalculable nombre de nuits passées ailleurs que dans ton dortoir, tu devins rapidement une demoiselle multipliant les aventures d'un soir – ou d'une journée, parce qu'il n'était pas rare que tu sèches les cours pour t'occuper de manière plus intéressante. Tu te découvris bisexuelle, appréciant autant les courbes féminines que celles masculines tant que tu y trouvais ton compte. Tu ne t'attachais pas, sachant cela trop dangereux pour que tu puisses te le permettre, dominant la situation durant une nuit avant de te volatiliser. Ton avenir était déjà tout tracée, tu serais fiancée puis mariée sans avoir ton mot à dire sur la question. Mais l'échéance était encore suffisamment lointaine pour que tu ne t'en soucies pas, préférant te perdre dans des étreintes charnelles plutôt qu'y songer. Tu avais l'impression de revivre, de t'épanouir enfin, de pouvoir combler quelqu'un à défaut de satisfaire un paternel trop indulgent et cruel. Et ça te convenait, t'en étais persuadée.
Wondering if I'll stay
A tes côtés depuis le début, Mallory était toujours là, devenant un magnifique jeune homme aussi travaillé par les hormones que toi, créant une irrépressible attirance entre vous. C'était automatique, et vous ne cessiez de jouer avec le feu, toujours plus amusés de vous embrasser l'un l'autre l'oreille ou le nez, de vous caresser l'épaule ou les hanches, de vous frôler de trop près de trop près pour que vos cœurs respectifs ne s'emballent pas. Pourtant, votre amitié passait avant tout le reste, même avant une nuit de pur bonheur que vous auriez pu passer ensemble depuis des mois déjà. Vous résistiez sans jamais flancher, bien trop attachés à cette relation que vous aviez pour risquer de la ruiner en y introduisant quelque chose d'aussi instable que le plaisir charnel. Meilleurs amis, c'est ce que vous étiez, c'est ce que vous vouliez rester.
Les premières vacances de ton indépendance arrivèrent alors, et tu te retrouvas à nouveau enfermée dans le manoir. Comme une cage dont ta clé ne fonctionnerait que trop peu de temps, sept jours exactement. Tu t'éclipsas en août, rejoignant quelques amis dans Londres, dormant chez qui acceptait de t'héberger – tout le monde, en fait. Tu fis tout pour ne pas retourner au manoir durant cette semaine de paix, loin de toutes tes obligations, de toutes tes responsabilités. Profitant de la capitale comme jamais, tu passas des heures merveilles à savourer cette impression de pouvoir tout faire, jusqu'à c'que l'heure de rentrer sonne. Rentrer fut difficile, mais revigorée par cette illusion de liberté tu tins bon, d'autant plus que tu allais bientôt retourner à Poudlard et revoir Mallory, deux perspectives qui ne pouvaient que te donner la force d'avancer.
Ta cinquième année débuta assez farouchement, à vrai dire tu rêvais encore de briser tes chaînes tout en sachant cela impossible. Ta colère était toujours présente, parce que tu en voulais plus que jamais à ton prétendu père de t'avoir privée de ta liberté aussi longtemps. Désormais tu voulais profiter, parce que malgré toi tu savais que tu finirais les menottes au poignets et la bague au doigt. Alors tu continuas à faire tout ce qui te chantait dans le château, te faisant si rarement surprendre qu'on ne pouvait déceler le démon caché en toi. On te pensait angélique, avec tes beaux yeux et ta longue chevelure, mais un peu rebelle sur les bords à cause d'un trop plein de pression pour obtenir les meilleures notes possibles. Personne ne se doutait des cours que tu recevais tous les étés – que tu sois déjà excellente en tout importait peu pour le patriarche –, que tu avais un avenir figé sur lequel tu n'avais aucune influence, que tu souffrais d'être déjà prisonnière de ton sang, de ta noblesse. Tout le monde voyait l'ange sans voir ce qui grignotait petit à petit ses ailes et brisait son auréole, et il n'y a pas plus triste qu'un ange déchu.
Young and restless
Deux semaines de liberté et de débauche s'offrirent à toi l'été précédant ton avant-dernière rentrée à Poudlard, et tu commenças à boire entourée d'amis, à enchaîner les défis stupides, les baisers langoureux, les sourires libidineux, le tout sous l'emprise d'alcools qui semblaient te rendre heureuse. Tout cela te permettait de t'échapper, même si ce n'était que temporaire. Ce nuage te plaisait bien trop pour que tu refuses de faire la tournée des bars lorsqu'on te le proposait, ou même une soirée chez un tel ou une telle qui finissait souvent dans une chambre, qu'importe que ton taux d'alcoolémie soit ou non conséquent. Tu t'échappais d'un monde injuste à travers tous les plaisirs que tu pouvais trouver, et tu n'étais pas le genre de demoiselle à qui l'on refuse quelque chose. Pas qu'ils aient été nombreux à hésiter, de toute manière.
Ta sixième année tourna principalement autour de soirées illégales dans des salles de classe vide voire des salles communes, le tout avec une vigilance plus ou moins accrue pour ne pas être piégée. Il t'arriva même de dénoncer quelques unes d'entre elles lorsque tu n'y étais pas invitée, faisant preuve d'une indéniable susceptibilité. Personne ne se doutait que c'était de ta faute, et les festivités reprenaient de plus belle en ta compagnie, souvent suivies de nuits à plusieurs. Tu en avais besoin, d'oublier, que ce soit dans l'alcool ou dans les plaisirs charnelles, pour ne pas penser à ce qui allait bientôt de tomber dessus. A l'âge fatidique des fiançailles qui se rapprochait et mettrait fin à toute cette liberté acquise depuis Poudlard, puis à celui du mariage qui te condamnerait à n'être vouée qu'à un seul homme. Tu détestais cette idée, savourant d'autant plus chaque minute passée si proche du corps d'autrui. C'était devenu vital pour toi, parce que tu devais cesser de réfléchir, d'y songer. Juste profiter jusqu'à ce que le couperet ne tombe.
A côté de toutes ses conquêtes que tu enchaînais sans plus de sentiments, il y avait Mallory, cette tentation ultime face à laquelle tu refusais de céder. Il était l'incarnation-même de tout ce qu'il te fallait, mais il était surtout ton meilleur ami, et tu ne pouvais concevoir de briser ainsi votre relation. Pas pour une nuit, ou même deux, qu'importe. Vous étiez deux sangs-purs, et même si au fond de toi l'espoir que vous soyez promis l'un à l'autre ne voulait pas s'éteindre, en réalité il y avait bien peu de chances que cela arrive. Aucune, même, et c'était bien pour cela que tu t'en tenais à quelques provocations devenues rituelles entre vous. Il ne pouvait y avoir plus, c'était voué à l'échec, vous le saviez tous les deux.
Living this way I stress less
Dernières vacances en tant qu'élève de Poudlard, et ce avec trois semaines qui n'appartenait qu'à toi. Vadrouilles, soirées, balades nocturnes, tout s'enchaînait et défilait tandis que tu tentais de savourer chaque seconde autant que tu le pouvais, cette épée de Damoclès qu'était l'avancée trop rapide des années toujours au-dessus de ta tête, comme une menace de plus en plus proche qui te poussait à en vouloir toujours plus. Tu te perdais dans les vapeurs de l'alcool, dans les bras d'un inconnu, contre la poitrine d'une demoiselle, le tout pour oublier que bientôt ce serait terminé. Tout ce temps qui s'écoulait lorsque tu étais dans le manoir n'avait plus réellement d'influence, parce que ton père avait beau tout faire pour te rabaisser, tu n'en restais pas moins une parfaite sang-pur devant cette noble communauté, conditionnée pour cela. C'était ton avenir après tout, tu ne pouvais rien y faire. Tu choisis simplement d'attacher bien plus d'importance aux moments passés avec ta mère qu'avec celui qui ne voulait que déverser sa colère sur toi, parce qu'au fond ils étaient les seuls à avoir de la valeur lorsque tu te devais d'être « en famille ».
Ta dernière année te sembla irréelle tant elle disparut vite, même si tu t'étais tout de même quelque peu assagie entre-temps. Pas que tu avais cessé de passer de lit en lit ou de participer à quelques soirées, mais la réalité avait fini par te rattraper, et tu cherchais un autre moyen d'y échapper. Tu songeas à tes études, à ce que tu voulais faire après. Tu n'avais pas de réelles idées quant à cela, te demandant ce quel métier tu aurais le droit d'exercer une fois mariée. Parce qu'au fond c'était cela le problème : il allait te falloir une permission. Et tu détestais cela, cette idée d'appartenir à quelqu'un comme tu appartenais à ton père pour l'instant. Tu étais à quelqu'un d'autre, et ce serait ainsi toute ta vie – cette idée t'étais insupportable. Ainsi, tu t'assagis quelques mois avant de reprendre tes expéditions nocturnes de plus belle, pour passer les cinq derniers de l'année à te vider la tête de toutes les manières possibles.
Le plus efficace des remèdes restait sans nul doute Mallory, d'autant plus qu'il était le plus parfait. Parce qu'avec lui tu n'avais jamais besoin de te justifier, et lui de même. Vous pouviez parler des heures de tout et de rien sans expliquer ce que vous viviez depuis votre plus jeune enfance, sans songer au futur et à vos avenirs respectifs, sans penser à vos obligations et responsabilités. Aucun jugement, seulement une amitié aussi merveille qu'éternelle, la meilleure à n'en douter.
Pourtant, tu ne pouvais pas ignorer cette jalousie que tu éprouvais lorsqu'il en conduisait une autre dans ce lit où tu aurais tant voulu la remplacer, ou la sienne quand tu faisais de même avec un prétendant parmi tant d'autres. Sans compter cette lueur de colère qui brillait dans son regard lorsque tu mentionnais que tu étais avec quelqu'un, même si cela arrivait rarement. Des relations courtes bien souvent liées à ton propre déséquilibre, pour te sentir aimée un peu plus longtemps qu'une soirée. Pourtant cela ne durait jamais, parce que tôt ou tard tu péchais dans l'adultère et mettais un terme à tout ce faux-semblant si l'autre ne le faisait pas avant. Comment nier cette envie irrépressible de tous et toutes les éloigner de lui, de le marquer pour qu'il soit à toi, de le posséder et de le garder pour l'éternité ? Impossible, et en même temps cela ne devait avoir aucune valeur. De l'amour ? Un désir fou qui ne pourrait jamais se réaliser, un rêve d'enfant parmi d'autres, sur lequel t'as tiré une croix de peur de vous détruire de trop de désirs impossibles.
I want to pull away when the dream dies
La fin de ta septième année arriva bien trop vite, et dès lors c'était le monde adulte qui t'attendait. Tu avais atteint ta majorité en janvier, maintenant tu devais trouver quoi faire de ton avenir. Après avoir obtenu tes ASPIC avec la même facilité que tes BUSE, tu avais déjà le choix dans le monde de l'emploi, pourtant tu pris la décision de continuer tes études à la Magic University of London, plus communément appelée MUL. Tes parents avaient largement les moyens de te les payer, et tu n'eus pas de mal à les convaincre lorsque tu leur parlas d'un emploi au Ministère de la Magie grâce au cursus de droit magique. Tu savais désormais ce que tu allais faire, ou du moins à peu près.
Suite à cela, il fallut supporter un mois d'enfermement dans un manoir qui, étonnamment, ne t'avait pas le moins du monde manquer. Les cours ne cessèrent pas, bien au contraire ton père crut bon de commencer à t'inculquer les bases en ce qui concernait le Ministère puisque lui y travaillait déjà. Pas que cela t'ennuyait, mais sa méthode d'enseignement était loin de rendre la chose plaisante, même si tu te plias à nouveau dans l'espoir d'être en paix. Tu n'avais qu'à tenir quatre semaines puis tu serais à nouveau libre pendant un mois tout entier avant de rejoindre l'université.
Le reste de tes vacances n'eut rien d'exceptionnel, ou plutôt rien de très différent des autres périodes d'indépendance que tu gagnais année après année. La rentrée vint alors, et tu te retrouvas partagée entre la joie et l'angoisse. Heureuse d'y être, mais anxieuse à l'idée que cela te rapprochait petit à petit de l'âge fatidique. Ce fut sans doute le soulagement de quitter le manoir familial qui l'emporta sur le reste lorsque tu saisis la main de Mallory une fois à l'abri à l'intérieur du bâtiment, ayant évidemment
omis de dire à tes parents que ton meilleur ami aussi allait étudier ici, et dans le même cursus. Une coïncidence pourrait être crédible, après tout.
La première année s'écoula sans difficulté notoire, hormis un ennui profond lorsqu'il s'agissait des lois de l'économie magique. Pire que l'histoire de la magie à l'époque de Poudlard, ces cours n'avaient aucun intérêt à tes yeux, et tu t'endormais la majeure partie du temps, lorsque tu ne séchais pas. Parfois tu dessinais, même si tu préférais rattraper quelques unes de tes nuits en t'installant quelque part où le professeur ne te remarquerait, rattrapant les cours sur d'autres, copiant lorsque c'était possible. L'histoire du droit magique passait encore, après tout c'était le droit qui t'intéressait le plus dans ce cursus, et celle de la politique magique était supportable. Tu étais sans nul doute la meilleure pour ce qui concernait l'étude du code civil, sans parler de des options. Si tu avais choisi les sortilèges et l'initiation à la formation d'entrée au magenmagot par volonté, tu fus contrainte d'y ajouter l'étude de la politique et des relations internationales à cause de ton père. Il prétendait que c'était toujours utile, tu ne t'en formalisais pas. Qu'importe après tout, ce n'était que quelques heures par semaine que tu rattraperais sans mal en ignorant celles consacrées à l'économie.
Mallory toujours à tes côtés, vous profitiez de l'université à votre manière, jouant avec le feu sans pour autant planter vos études. Vous étiez doués tous les deux, formés sans que ni l'un ni l'autre n'ait jamais eu à l'avouer à l'autre, et sans nul doute des Serpentard dans l'âme : échouer n'était pas une possibilité. Alors vous réussissiez, vous soutenant lorsqu'il le fallait, gardant cette indétrônable amitié que vous aviez sans pour autant pouvoir nier cette attirance magnétique qui ne vous avait pas quittés. Vous ne cédiez pas, qu'importe que vos entrailles s'enflamment ou que vos cœurs s'emballent, vous ne pouviez pas vous permettre de tels faux espoirs et de telles complications dans quelque chose d'aussi parfait.
The pain sets in and I don't cry
Nouvelles vacances durant lesquelles tu passes cinq semaines en liberté contre seulement trois dans le manoir familial. C'est peu, exactement ce que tu voulais au départ, pourtant tu sais qu'à mesure que le temps que tu passes chez les Nott diminue tu te rapproches de tes fiançailles, puis de ton mariage. Lorsque ces deux mois ne sauront qu'à toi, cela sonnera la fin de tout : ton mariage aura lieu juste après cela. Le calcul tu l'avais déjà fait des dizaines de fois sans pour autant que cela retarde l'échéance, alors finalement tu décidas d'attendre que l'on te mette la corde au cou plutôt que le faire toi-même. Tu n'avais pas l'intention d'être piégée aussi vite, il fallait profiter.
C'est lors d'une soirée comme les autres – à peu de choses près – que tu te retrouvas dans un bar gay de Londres, à enchaîner les verres avec cette volonté de réduire en miettes toute logique dans ton cerveau pour ne plus te soucier de rien. Et tu tombas sur cette femme absolument magnifique dans son chagrin, et manifestement aussi ivre que toi. Tu ne savais pas – au début tout du moins – quels soucis elle voulait oublier, tout comme elle n'avait pas la moindre idée des tiens, mais ce soir-là vous vous en moquiez, vous vouliez simplement vous consoler l'une l'autre. Ce fut une nuit merveilleuse, et cette beauté fut l'une des seules à réellement te marquer parmi toutes tes conquêtes. Si quelques bribes du récit de ses déboires amoureux te reviennent sans mal, ou bien de son discours sur l'amour des animaux, tu es bien incapable de te rappeler son prénom à présent. Sa voix, son visage, ce dont elle t'a parlé, tu te souviens de tout sauf des cinq lettres composant son prénom, sans te douter qu'elle a quant à elle retenu le tien et bien plus encore.
Durant le mois d'août précédant ton retour à l'université, tu pris la décision de trouver un ami pour Lady. De retour à la Ménagerie Magique, tu flashas sur un adorable chaton qui ronronnait dès qu'on l'approchait, avec de grands yeux mêlant le vert et le jaune. C'est lui que tu adoptas, le prénommant Nox en référence à son pelage ébène. Entre petites bagarres et ronrons, les deux félins parvinrent finalement à se tolérer, d'autant plus lorsqu'ils décidaient d'embêter ton hibou pour le faire piailler le plus fort possible. Pas que ce ne soit pas efficace pour te réveiller et obtenir croquettes et caresses, cela dit.
I only feel gravity and I wonder why
A présent, tu es en deuxième année dans cette même université, toujours avec Mallory et tous ces démons qui te rongent. Les cours ont commencé il y a peur, mais de toute manière tes habitudes ne changent pas à ce sujet. Tu es douée, entraînée, comment pourrais-tu échouer ? A dire vrai, c'est bien la dernière chose qui te préoccupe ces temps-ci. Plus que jamais aujourd'hui, tu voudrais pouvoir tout oublier, te vider la tête tant elle s'avère trop pleine de soucis que tu peines à gérer. Tes fiançailles approchent à grands pas et bientôt tu devras rencontrer celui à qui tu as été promise malgré toi, sans avoir ton mot à dire dans cette histoire. Qu'importe ce que tu en penses, son sang et son nom sont tout ce qui compte, et tu vas devoir faire avec. Refouler ton attirance pour ton meilleur ami n'est plus un choix, c'est une obligation, pourtant tu te rends bien compte que cela devient de plus en plus difficile. C'est contre quelque chose d'irrépressible que tu dois lutter, un sentiment inégalable sur lequel tu ne peux pas mettre de mot. Que ce soit ou non de l'amour, tu n'y as pas le droit, pas plus que lui finalement. Ton avenir n'est pas entre ses bras mais entre ceux d'un prétendant qui fera de toi une femme puis une mère, parce qu'un jour tu devras porter ses héritiers. Les siens, et ceux de personne d'autre. Tu ne peux pas décevoir les tiens, tu ne peux pas décevoir ta mère. Tu es leur héritière, et tu dois être digne de ce rôle. Digne des Nott.
Tu dois vivre en tant qu'Abigaëlle Nott.
Flames to dust
Lovers to friends
Why do all good things comme to an end ?